Théâtre de Vendeuil-Caply
Longtemps abrité sous un bosquet d’arbres, ce monument a été découvert suite à des défrichements par des érudits locaux dans les années 1930. Il faut attendre 1955 et une photographie aérienne verticale de l’Institut géographique national pour avoir une confirmation de l’identification de l’édifice. Par la suite, de nombreux autres clichés aériens seront réalisés (par Roger Agache et François Vasselle). De 1969 à 1984, l’intégralité de la partie centrale du théâtre est dégagée par des bénévoles. S’en suivront plus de 30 années de fouilles programmées sous la direction de Gérard Dufour et Daniel Piton.
Situé dans l’Antiquité sur le territoire des Bellovaques, il reste le seul témoin d’une agglomération secondaire antique (vicus) estimée à 130 hectares grâce aux différentes fouilles, sondages, prospections aériennes, pédestres et archéométriques Nous ne possédons ni le nom ni l’année exacte de la création de cette agglomération.
Les premières occupations romaines sont localisées sur le mont Catelet puis, dans le Val Saint-Denis. Tirant parti de la topographie, un camp romain s’installe au Catelet. Puis, l’agglomération s’établit au Val Saint-Denis. Elle est matérialisée par des bâtiments en bois et torchis à toiture en tuiles qui sont détruits lors d’un incendie. Une période intense de reconstruction débute dès la seconde moitié du Ier siècle ap. J.-C. Une voirie est alors mise en place. Désormais, les édifices emploient des matériaux en calcaire et les murs intérieurs reçoivent parfois des enduits peints décoratifs. L’agglomération semble connaître un accroissement durant la seconde moitié du Ier siècle et atteindre son apogée. Vers 80-95, un second incendie ravage les lieux. Les habitats sont reconstruits. Un second théâtre est construit au Catelet. En 170, un incendie ravage une grande partie de la cité. Or d’autres villes sont incendiées à la même époque (Beauvais, Amiens, Arras), ce qui semble correspondre à un évènement historique sous le règne de Marc-Aurèle, probablement l’invasion des Chauques (un des peuples germaniques).
Le Théâtre de Vendeuil-Caply en images
Les crises économiques et militaires du IIIe siècle ap. J.-C. ainsi que les invasions barbares contribuent au déclin du vicus. Seul le théâtre du Val Saint-Denis pouvait, avec quelques modifications et consolidations, servir de refuge en cas de danger. Il s’agit du seul secteur ayant connu une réoccupation au IVe siècle ap. J-C.
Le théâtre, délimité par un enclos quadrangulaire, possède un plan semi-circulaire de 81 mètres de diamètre. Il se compose d’une scène (scena), de bâtiments scéniques, d’une aire centrale plane (orchestra), de plusieurs niveaux de gradins (cavea) desservis par des couloirs de circulation verticaux (vomitoria) et horizontaux (praecintiones). Petite particularité, la présence d’un sacellum ou chapelle qui occupe une place privilégiée dans l’édifice et illustre la vocation religieuse du théâtre car cette petite niche était consacrée à une divinité. Elle est située en face d’un autel sacrificiel. Ce monument est établi sur une pente naturelle à 10 % accentuée par l’utilisation des déblais des parties basses comme remblais des parties hautes. L’orchestra ainsi que la scena ont ainsi été directement creusés dans la craie naturelle. Il disposait sans doute d’un dernier étage probablement en bois, typique des théâtres de provinces. Nous estimons la capacité de ce théâtre à 4 000 spectateurs.
L’archéologie a permis de dresser une chronologie de la zone occupée par le théâtre.
Sept périodes ont pu être identifiées démontrant l’existence d’une succession de quatre édifices :
- un enclos cultuel de forme rectangulaire délimitant une esplanade à ciel ouvert (1ère moitié du Ier siècle) ,
- un premier théâtre inscrit dans les mêmes limites que le bâtiment précédent (fin Ier siècle – début IIe siècle),
- un second théâtre de forme hémisphérique (fin IIe siècle),
- Au IVème siècle (grandes périodes d’invasions barbares), les angles de la cavea ont été renforcés et le Grand Théâtre a pu servir de lieu de refuge (castrum).
L’actualité du site
Depuis plusieurs années, des fouilles archéologiques programmées sont réalisées durant un mois chaque été sous la direction de Vincent Legros (Ingénieur de recherche au Service Régional de l’Archéologie). Elles ont pour objectif d’étudier le développement et l’organisation de l’occupation du territoire à l’époque romaine.
Ces fouilles viennent enrichir les collections du musée archéologique de l’Oise se trouvant « in situ » à 200 mètres du théâtre et ouvert depuis Juin 2011. Il est situé au lieu-dit les Marmousets, emplacement d’une nécropole Gallo-Romaine très probablement liée à la ville, fouillée avant la réalisation des travaux et dont les sépultures datent de la fin du Bas Empire (fin IVème siècle début Vème siècle). Le Musée Archéologique de l’Oise est riche du mobilier découvert pendant plus de 30 années de recherches sur l’agglomération gallo-romaine de Vendeuil-Caply (objets de la vie quotidienne, sculptures, peintures murales, …). Il est également un Centre de Conservation et d’Étude qui comprend des réserves pour le mobilier archéologique, une zone de travail sur les objets et un centre de documentation. Associé au musée, il permet la mutualisation des moyens et des compétences pour la conservation, l’étude, l’accessibilité aux chercheurs, la valorisation scientifique du mobilier issu des opérations d’archéologie préventive.
Le Conseil Départemental, le musée et l’association « des amis de Vendeuil-Caply » proposent régulièrement des animations sur le site à l’occasion notamment des journées européennes du patrimoine et des Théâtrales.
Infos pratiques
Le Théâtre de Vendeuil-Caply est en accès libre toute l’année.
À proximité immédiate de ce site découvrez le Musée archéologique de l’Oise qui propose un fonds permanent des expositions temporaires et de nombreuses activités pédagogiques.
Contact
Musée Archéologique de l'Oise (M.A.O.)
Adresse :1 rue Les Marmousets
60120 Vendeuil-Caply